Maximonstres(Where the Wild Things Are)

de Spike Jonze (Etats-Unis)

avec Max Records, Catherine Keener, Mark Ruffalo, James Gandolfini, Lauren Ambrose, Chris Cooper, Forrest Whitaker


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Le livre est disponible ici


« Max et les Maximonstres » est un classique de la littérature enfantine écrit et dessiné par Maurice Sendak en 1963. Au fil d’une trentaine de grandes illustrations légendées, Sendak y narre les aventures d’un petit garçon turbulent découvrant une île peuplée de grands monstres qui symbolisent les différentes facettes de sa personnalité. Cette belle métaphore trône aujourd’hui encore dans les bibliothèques des enfants du monde entier, et l’idée d’en tirer un film émergea un jour à Hollywood. Savoir Spike Jonze à la tête du projet avait de quoi titiller la curiosité, les deux films précédents du cinéaste (Dans la peau de John Malkovich et Adaptation) s’étant avérés particulièrement novateurs et atypiques.


Précédé d’une réputation très enthousiaste, Max et les Maximonstres version cinéma est pourtant une grosse déception, entraînant deux constats manifestes : le concept même du long-métrage était probablement une fausse bonne idée, et Jonze n’est au meilleur de sa forme qu’en compagnie du scénariste Charlie Kaufman, qui brille ici par son absence. Certes, le premier quart d’heure du film, décrivant les frustrations du jeune Max dans un environnement familial aimant mais trop distant à son goût, emporte l’adhésion grâce au naturalisme du jeune Max Records. Mais dès que notre héros prend la fuite pour partir vagabonder dans la forêt de son imagination, l’intrigue se met à patiner, refusant obstinément de se développer et d’évoluer. Car soyons clair : il ne se passe absolument rien sur l’île des Maximonstres, si ce n’est quelques gesticulations désordonnées, des batailles de boue et des promenades dans le désert. Et lorsque Max rentre finalement chez lui, le film exhale même une morale digne du plus pudibond des contes de Charles Perrault, qu’on pourrait résumer ainsi : « les enfants doivent être sages et rentrer dans le rang s’ils veulent apprécier la chaleur de leur foyer ». Nous qui classions Spike Jonze dans la catégorie des réalisateurs turbulents et marginaux, nous voilà quelque peu désarçonnés !


Formellement, Max et les Maximonstres présente tout de même l’avantage de nous offrir une galerie de créatures de toute beauté. Mixage de techniques à l’ancienne (des comédiens dans de magnifiques costumes animatroniques conçus par l’atelier Jim Henson) et d’effets visuels high-tech (des retouches numériques pour affiner l’expression de leur visage et leur donner des proportions colossales par rapport au petit garçon), ces monstres constituent le seul véritable intérêt du film et s’avèrent très fidèles à leurs modèles dessinés. Dommage que le cinéaste n’ait pas apporté autant de soin aux autres aspects fantasmagoriques de son œuvre, optant pour une mise en scène libre, en caméra souvent portée, et pour une bande originale typique du cinéma indépendant américain, autrement dit gorgée de musiquettes pour petites formations orchestrales et de chansons pop. Refusant d’assumer le genre de son film en se camouflant sous des apparats « branchés », évitant les codes habituels du conte pour enfants dans le but de séduire les adultes, Spike Jonze se trompe finalement de cible et risque bien de passer à côté de son public…

 

© Gilles Penso

Théma: Contes de fées


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